Technologie

Intelligence Artificielle la grande imposture

Si en 1969 le futur imaginé par Stanley Kubrick transportait le spectateur dans un monde romantiquement angoissant dans lequel la Machine prenait le pas sur l’Homme, force est de constater 50 ans plus tard que ce dessein n’a pas été atteint malgré toutes les tentatives et recherches en cours pour créer cet Alien et ses succédanées, dont on nous rebat les oreilles depuis quelques années.

Indépendamment du fait qu’on peut s’interroger sur les motifs (voire les mobiles) qui poussent les Hommes à vouloir créer la Chose qui prendra leur contrôle, les réduisant à un état, au mieux inactif, au pire d’esclave, force est de constater que l’usage du terme Intelligence Artificielle a envahi notre quotidien, et le plus souvent, de façon inappropriée.

Il y a 23 ans, Kasparov affrontait Deep Blue dans des parties d’échec mémorables. La machine était la machine, l’homme était l’homme et chacun s’affrontait es qualité ; à l’un la vitesse de calcul, à l’autre l’intelligence de la stratégie. Nul n’aurait songé à parler de l’intelligence de la machine. C’eut été vexant pour Kasparov.

La loi de Moore* ayant continué à faire des siennes, la puissance de calcul est telle aujourd’hui qu’il ne sert à rien de vouloir « battre » la machine. Elle arrive toujours la 1ère. Est-ce pour autant de l’Intelligence ? Exécuter un script (conçu par l’Homme et pompeusement appelé Algorithme) des milliards de fois en 1 milliseconde, ordonnancer les résultats, et proposer instantanément celui qui est en tête de liste pour afficher une publicité sensée correspondre à mes goûts, ou faire en sorte que ma voiture autonome prenne un virage à 8° au lieu d’aller tout droit, est-ce de l’Intelligence ? Où est l’Intelligence ?  Dans l’Homme qui l’a conçue ou dans la Chose qui l’exécute ?

L’intelligence est partout chez les hommes et les femmes qui, unis à travers les siècles par leur cerveau, permettent aujourd’hui cette merveille de technologie :

  • dans le modèle mathématique conçu il y a exactement 300 ans par Brook Taylor pour approcher localement une fonction par un polynôme d’ordre n, permettant de le dériver et de trouver le point suivant (les 8° du virage),
  • dans les lidars** conçus par des ingénieurs pour identifier les points d’avancement sur la route (et vérifier les 8° du virage),
  • dans les calculateurs qui permettent de résoudre toutes ces équations instantanément et donner la bonne instruction au volant et au moteur (pour que le calcul et la vérification soient concomitantes et éviter la sortie de route),
  • et dans bien d’autres choses également.

Ca n’en rend pas ma voiture intelligente pour autant : Elle exécute ce qu’on lui a demandé de faire.

Le dévoiement du terme Intelligence Artificielle (sans ignorer qu’il existe, bien sûr, des labos qui travaillent probablement sur le sujet – avec toujours la même question : pour quel motif ou mobile ?) vient selon moi de plusieurs causes bien différentes :

  • Tout d’abord une fascination un peu morbide certaine de beaucoup pour toute forme de puissance absolue et de force obscure (sic !) qui prendrait le contrôle de l’Humanité nous renvoyant à un état de soumission totale (l’angoisse fait vendre !),
  • De façon beaucoup plus prosaïque à cause d’une très mauvaise traduction dès l’origine du terme anglo-saxon « Artificial Intelligence », qui ne veut rien dire d’autre que de l’information (ou de la connaissance) artificielle, c’est à dire produite par l’homme (comme on dit un lac artificiel ou une insémination artificielle).
  • Enfin, le terme d’Intelligence Artificielle est aujourd’hui un sésame, un Buzword, pour tout projet un tant soit peu technologique, qui contribue au fantasme d’une puissance extérieure presque divine qui viendra résoudre les problèmes des hommes et les rendra plus intelligents, sans qu’on ne sache vraiment ce que cela recouvre.

Qu’en sera-t-il de notre Monde dans 20 ans ? Aurons-nous encore notre libre-arbitre ou bien les machines décideront-elles pour nous de ce qui est bon ou pas ? Nul ne le sait.

En attendant j’essaye de rester les pieds sur Terre et de ne voir dans l’IA que de l’Informatique Accélérée.

* loi de Moore : La loi de Moore est empirique et issue de constatations faites par Gordon E. Moore. En 1965, celui qui fut l’un des cofondateurs de la société Intel trace une courbe d’évolution de la taille et du prix des microprocesseurs. Il s’aperçoit alors que à coût égal, leur complexité doublait tous les ans. En 1975, il précise que c’est le nombre de transistors qui double tous les deux ans. Il a prédit que cette croissance allait se poursuivre à ce rythme jusqu’en 2015, où elle serait limitée par la taille des atomes. L’Histoire lui a donné raison puisque entre 1971 et 2001 la densité des transistors a effectivement doublé 1,96 fois par an.

Source : JDN https://www.journaldunet.fr/web-tech/dictionnaire-du-webmastering/1203331-loi-de-moore-definition-traduction/

** lidar : La télédétection par laser ou lidar, acronyme de l’expression en langue anglaise « light detection and ranging » ou « laser detection and ranging » (soit en français « détection et estimation de la distance par la lumière » ou « par laser »), est une technique de mesure à distance fondée sur l’analyse des propriétés d’un faisceau de lumière renvoyé vers son émetteur.

Source : Wikipedia

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *